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Miss France, « Koh-Lanta »… Les insultes contre les candidats sont « prises au sérieux », affirme Alexia Laroche-Joubert

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Déc 9, 2021

Les jours qui viennent ne vont pas être de tout repos pour Alexia Laroche-Joubert. Cette semaine, la productrice de télévision est à Caen en tant que présidente de la société
Miss France afin de chapeauter la cérémonie du concours qui se tient ce samedi sur
TF1. Trois jours plus tard, la chaîne diffusera la finale de Koh-Lanta : La légende, un programme qu’elle produit également.

Le point commun de ces deux émissions ? Elles suscitent beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux, et notamment quelques insultes voire des menaces, à l’image du cas d’April Benayoum, Miss Provence 2021, qui a fait condamner sept personnes pour avoir tenu en ligne des propos à caractères antisémites. Alexia Laroche-Joubert revient pour 20 Minutes sur ce microphénomène qui concerne particulièrement les programmes dont elle s’occupe.

Plusieurs candidats de « Koh-Lanta » ont porté plainte cette année après avoir reçu des insultes et des menaces. On a l’impression que c’est de plus en plus récurrent, vous confirmez ?

C’est un problème qui est maintenant malheureusement récurrent et contre lequel on lutte énormément. C’est récent, en fin de compte. La première apparition de cette ampleur-là, c’est en 2020 avec L’île des héros. On a mis ça sous le coup du confinement. Comme toujours, trois pauvres adolescents boutonneux et hargneux s’en sont pris à Ahmad, Charlotte, Inès, Régis… Trois ont porté plainte parce que ça a quand même pris une tournure différente avec de vraies menaces donc on a saisi le procureur de la République. On se disait que c’était lié au confinement. En fin de compte, il s’avère que sur La légende, on s’est retrouvés face à des propos racistes, pénalement répréhensibles, pour Coumba et Namadia, et des insultes avec des menaces de mort sur Christelle, qui sont apparues quand Gilles Verdez, dans Touche pas à mon poste, a mentionné le fait qu’elle aurait donné le nom de Teheiura à l’équipe de production, ce qui n’était pas le cas. Là, il y a eu un embrasement.

En interview, plusieurs d’entre eux racontent que la diffusion est difficile à vivre…

Un vrai travail est fait par les équipes d’accompagnants et par la psychologue pour les prévenir des effets négatifs. En général, il y a tout un brief qui est fait sur la façon de se comporter sur les réseaux : faire attention à ce que l’on dit, ne pas insulter d’autres candidats. Il y a un code d’honneur qui a été mis en place, tout comme un accompagnement juridique. S’il y a une multitude d’attaques, ils peuvent contacter notre service juridique qui leur explique comment porter plainte. On n’hésite pas non plus à utiliser nos propres réseaux pour calmer ou tempérer, TF1 l’a fait aussi. On a proposé à nos aventuriers, dont Christelle, d’utiliser le logiciel Bodyguard qui permet de censurer des messages avec des mots-clés qui seraient des insultes. La réalité, c’est qu’il y a une avancée judiciaire qui fait qu’on disclose [révéle] l’identité des gens. Les sites comme Facebook ou Twitter sont obligés de censurer. Dès qu’il y a un signalement, ils sont obligés de supprimer.

En tant que productrice, réfléchissez-vous particulièrement au montage, quitte à lisser quelques traits pour éviter une trop grande véhémence en ligne ?

Ce qui est compliqué, c’est qu’on a toujours été dans la vérité de ce qu’il se passait. Des aventuriers nous le reprochent quelques fois parce qu’ils peuvent avoir une vision idyllique de leur aventure, ou en tout cas tronquée. Non, on ne modifie pas. D’ailleurs, regardez Claude, on a balancé ses coups d’énervements.

Vous avez dû serrer la vis en début de saison en communiquant sur la décision de justice qui interdit les spoils. C’est aussi un aspect nouveau en télévision. Pourquoi avoir pris une telle décision ?

C’était lié au fait de jeu sur Teheiura qui avait triché. On ne voulait pas que des gens malintentionnés spoilent ça et les rebondissements. Il y a des gens qui donnaient le nom de tous les sortants à chaque épisode ! Il y a un moment où ce n’est pas possible : on n’a pas à spoiler les gens quand ils ne veulent pas savoir. On vit cette aventure pour les téléspectateurs et les aventuriers aussi, ce n’est pas pour qu’on révèle tout parce que des mecs veulent paraître plus intelligents ou mieux renseignés.

Avez-vous effectivement porté plainte à la suite de certaines révélations ?

On a porté plainte, les plateformes nous ont donné les IP. On a eu une condamnation sur quelqu’un qui avait révélé des spoils et on a fait une condamnation en référé. Évidemment, on prend ça très sérieusement et j’y mets beaucoup d’énergie.

Le problème des menaces s’est aussi invité dans Miss France. L’an dernier, April Benayoum avait été victime de commentaires antisémites à son encontre. Est-ce possible d’anticiper les choses ?

April a obtenu la condamnation de sept personnes. C’est important, ça prouve que c’est très sérieux et que c’est pris au sérieux maintenant. Après, c’est la responsabilité des plateformes. On ne peut pas nous mettre la responsabilité de ce qui est dit sur des plateformes dont nous ne sommes pas les éditeurs. Avec TF1, on est responsables de ce que l’on produit ou que l’on édite sur Miss France au moment de l’émission. Mais on ne peut pas être responsable de la manière dont les gens réagissent sur les réseaux sociaux.

Est-ce qu’on se tourne vers une judiciarisation de l’univers de la télévision ?

Je ferais toujours tout pour défendre des individus qu’on a mis à l’antenne. On ne peut pas déposer plainte à leur place, on peut faire un signalement. Nous, on est responsables de la protection de la marque et on est dans le cadre du civil. Sincèrement, je pourrais le regretter parce que toutes les actions qu’on mène, c’est parce qu’il y a soit de la correctionnelle, soit un spoil donc on est sur le même registre que le secret des affaires.

Ce n’est pas donc la judiciarisation de la télévision mais l’augmentation de la violence sur les réseaux sociaux ?

Les spoils, c’est grave pour nous mais ce n’est pas du pénal. Les menaces, c’est le fait de quelques individus épars mais ce n’est pas la réalité des échanges sur les réseaux sociaux où les gens expriment normalement leur passion pour une équipe ou une autre. Ils ne versent pas dans la plainte pénale, c’est-à-dire les propos antisémites, racistes ou les menaces de mort. Le problème, c’est qu’on met en avant des minables alors que des tas de gens se comportent très bien.

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