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Comment la crise sanitaire a-t-elle fini par tous nous épuiser ?

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Déc 10, 2021

Des confinements, un couvre-feu interminable,
une crise sociale et économique, la montée des extrêmes et des divisions, et même une défaite scandaleuse face à la Suisse lors de l’Euro malgré une attaque Mbappé-Griezmann-Benzema. Alors que l’année touche – enfin – à sa fin, il faut s’admettre vaincu : 2021 nous aura méchamment roulé dessus. Preuve en est, dans 
l’enquête Une société fatiguée ? de l’institut Ipsos et de la Fondation Jaurès réalisée en octobre 2021, 17 % des Français et Françaises assurent être 
« fatigués ». Une fatigue qui se place avent l’incertitude et l’inquiétude (15 %). A titre de comparaison, la sérénité et le bien-être ne sont cités respectivement que par 8,5 % et 7,5 % des personnes interrogées.

Alors pourquoi la fatigue remporte-t-elle la palme des sensations 2021 ? Au rayon des causes, le premier coupable est tout trouvé : oui, le coronavirus, c’est de toi qu’on parle – encore. Le phénomène est loin de ne concerner que la France, puisque
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) parle de « fatigue pandémique » touchant la population mondiale. « Il y a une lassitude après des mois et des mois d’une
épidémie qui ne semble en plus pas près d’en finir », dépeint Robert Zuili, psychologue clinicien, spécialiste des émotions sociales : « Ce sentiment d’être dans une impasse et cette crise qui dure et dure encore, nous épuise fortement. »

Bouger et faire des projets

A cela s’ajoutent d’autres conséquences du Covid-19. Le télétravail nous sédentarise beaucoup, « et moins on bouge, plus on est fatigué », confirme le psychologue. Eh oui, pensez à tous ces dimanches durant lesquels moins vous en faites, moins vous avez envie d’en faire… Ensuite – et surtout –, la crise sanitaire nous a empêchés de nous projeter. Difficile de planifier des
vacances, des voyages ou même du repos dans quelques mois quand de
nouveaux variants peuvent surgir ou une énième vague déferler sur la France. « Il y a une incertitude par rapport à l’avenir et une incapacité à faire des projets sur le long terme qui nous épuise. C’était un bon moyen de lutter contre la fatigue », appuie Aude Caria. Cette dernière a travaillé dix ans en épidémiologie psychiatrique pour l’OMS avant devenir directrice de
Psycom, organisme public sur la santé mentale.

Et cette fatigue peut justement s’expliquer par un éveil autour de la question de la santé mentale. Si douloureuse qu’est cette crise, elle aura en effet permis d’accorder plus de place à cette thématique, « aussi importante que la santé physique », selon Aude Caria. Or, dire qu’on est épuisé « permet d’aborder la santé mentale et le moral de façon plus simple, c’est plus socialement accepté de parler de fatigue ».

Libérer la parole sur la fatigue

Une fatigue qui n’est pas à sous-estimer. Déjà parce qu’être crevés c’est générer des sentiments négatifs à la chaîne : « La frustration, la crainte, l’injustice, la colère », liste Robert Zuili. Des émotions qui, à leur tour,… épuisent. Coucou, le cercle vicieux. Ensuite, parce que la fatigue peut cacher des symptômes bien plus graves, notamment une dépression ou un 
burn-out, alerte Aude Caria. « Il ne faut pas minimiser ce sentiment », en étant attentif à sa fatigue et à celle des autres et la meilleure solution reste d’en parler à des proches ou à des professionnels de santé.

Parler aux autres, échanger et garder des contacts sociaux est très important pour aller mieux. Robert Zuili : « C’est important de restaurer des espaces de plaisir et de ne pas se couper de ses amis. Quand on est fatigué, on a tendance à vouloir être seul et ne parler à personne, ce qui ne fait qu’empirer notre cas. Au contraire, parler, voir des gens, c’est commencer à revivre ». Quitte à être fatigué, autant l’être ensemble.

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