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Anticorps monoclonaux, comprimés d’antiviraux… Cinq traitements prometteurs contre le Covid-19 passés au crible

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Déc 10, 2021

« Pour venir à bout de cette pandémie, il faut utiliser beaucoup d’outils et les anticorps monoclonaux en font partie, assure Yazdan Yazdanpanah, infectiologue et directeur de l
’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS). Aujourd’hui, on a des traitements efficaces, disponibles, pour lesquels on a les données ». Un peu d’espoir dans cet océan de mauvaises nouvelles sur le front du
Covid-19 ?

Mais de quels traitements parle-t-on ? Qui travaille dessus ? Avec quelle efficacité ? Et pour quand ? 20 Minutes a passé au crible cinq traitements anti-Covid, disponibles ou en passe de le devenir.

RONAPREVE

Quel laboratoire ?

Ce traitement, développé par la biotech américaine Regeneron et le laboratoire suisse Roche, combine deux anticorps monoclonaux (casirivimab et imdevimab).

Sous quelle forme ?

Il est administré via une seule perfusion en intraveineuse, donc à l’hôpital.

Quel est l’intérêt ?

« Ce traitement est conçu pour cibler la protéine Spike, qui permet l’infection, explique Alban Dhanani, directeur adjoint de la Direction des vaccins et des anti-infectieux de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Ces anticorps de synthèse neutralisent la protéine afin de bloquer la liaison avec les cellules et ainsi empêcher le virus d’entrer dans la cellule et de s’y multiplier. »

Et il est très efficace : selon une étude, seulement 0,9 % des patients traités avec du Ronapreve ont été hospitalisés ou sont décédés, contre 3,4 % des patients ayant reçu un traitement placebo. Reste que ce traitement coûte très cher : 
autour de 1.700 euros la dose, selon des ONG.

Est-il disponible ?

C’est le seul traitement à base d’anticorps monoclonaux actuellement disponible en France. « Ce traitement a été disponible en France huit mois avant l’autorisation de mise sur le marché, remarque Alban Dhanani. Il a été autorisé dès mars 2021 pour les personnes immunodéprimées en traitement curatif. Alors que l’autorisation de mise sur le marché de l’Agence européenne des médicaments date du 11 novembre 2021. »

Aujourd’hui, ce traitement peut être prescrit en curatif dans les cinq premiers jours de la maladie, lorsque le patient présente une forme non sévère ou qu’il fait une forme grave du virus mais n’est pas encore intubé. Mais aussi en préventif, dans le cas d’un patient très à risque, cas contact, ou alors pour un patient qui n’a pas réussi à développer des anticorps après le vaccin. Problème : ce traitement reste sous-utilisé. Voilà pourquoi les autorités sanitaires et le ministère travaillent pour en faciliter l’accès, notamment en mettant à disposition ce traitement par anticorps monoclonaux en pharmacie.

EVUSHELD

Quel laboratoire ?

AstraZeneca, qui a aussi déjà développé un vaccin contre le Covid-19.

Sous quelle forme ?

Ce traitement combine deux types d’anticorps monoclonaux (tixagevimab et cilgavimab) et est administré en deux injections intramusculaires, réalisées immédiatement l’une après l’autre.

Quel est l’intérêt ?

Il serait efficace pour protéger du coronavirus avant même une exposition. Selon une étude, ce traitement réduit de 83 % le risque de développer les symptômes du Covid. Il nécessiterait « Une injection tous les 6 mois, ce qui pourrait largement faciliter l’administration, salue Laurence Weiss, cheffe du Service d’immunologie Clinique au sein de l’
Hôpital Européen Georges-Pompidou (AP-HP). Ces anticorps monoclonaux ne remplacent en aucun cas la vaccination mais permettent de protéger les patients immunodéprimés ou les rares personnes qui ne peuvent pas se faire vacciner. Par ailleurs, on peut anticiper que le cocktail AstraZeneca devrait être efficace sur le variant Omicron, mais ça reste à démontrer. »

Est-il disponible ?

Non, mais il va l’être prochainement. L’Agence européenne des médicaments (EMA) évalue depuis le 14 octobre ce cocktail d’anticorps. Par ailleurs, les autorités sanitaires américaines ont autorisé mercredi dernier l’administration d’Evusheld chez certains individus réagissant mal aux vaccins. La Haute Autorité de santé a donné son feu vert ce vendredi soir pour l’utilisation de ce traitement avant l’infection pour des patients à très haut risque de forme sévère de Covid-19.

LAGEVRIO

Quel labo ?

Le laboratoire Merck via sa filiale française, MSD France, a développé ce médicament oral antiviral, également appelé molnupiravir.

Sous quelle forme ?

Par voie orale, ce qui est un avantage. Par contre, il faut prendre ce cachet dans les cinq jours après les premiers symptômes, deux fois par jour pendant cinq jours.

Quel est l’intérêt ?

« La prise facile : par voie orale et pendant cinq jours seulement », répond Alban Dhanani, de l’ANSM. Pour autant, les résultats de l’essai clinique communiqués le 26 novembre par Merck montrent une efficacité bien moindre que celle annoncée début octobre sur la base de données intermédiaires. Selon ces résultats, le médicament réduit de 30 % (et non de moitié, comme initialement annoncé) le taux d’hospitalisation et de décès chez les patients à risque l’ayant pris peu après l’infection.

D’autres questions portent sur la sécurité de ce médicament : en théorie, son mode d’action pourrait favoriser l’apparition de variants du virus ou entraîner des effets cancérigènes. Ces risques ont toutefois été jugés faibles par les experts américains.

Est-il disponible ?

Pas encore. Et ne devrait pas l’être… Le Lagevrio a été approuvé dans l’UE pour une utilisation en urgence le 19 novembre 2021. « La demande d’autorisation de mise sur le marché date du 23 novembre 2021 », souligne Alban Dhanani. Olivier Véran a annoncé le 25 novembre que la France avait commandé 50.000 doses de Lagevrio, qui devaient arriver début décembre. Mais la Haute Autorité de santé vient de rendre un avis négatif. « Les résultats d’efficacité avancés par le laboratoire sont moins bons que ceux des traitements disponibles : 30 % de réduction des risques de progression vers la forme grave de la Covid-19 alors que l’efficacité pour les anticorps monoclonaux casirivimab-imdevimab est d’environ 80 % sur ce même critère. » La Direction générale de santé a dit prendre acte de cette décision.

PAXLOVID

Quel labo ?

C’est Pfizer qui a développé ce traitement. Il utilise deux antiviraux : le PF-07321332 et le ritonavir, déjà employé contre le VIH. L’action est différente : elle ne fait pas muter le virus, mais le traitement bloque la réplication du virus.

Sous quelle forme ?

Il se présente également sous la forme d’une pilule, à prendre pendant cinq jours, comme le molnupiravir.

Quel est l’intérêt ?

Sa simplicité d’accès, puisqu’on évite la case hôpital. Mais aussi son efficacité. Pfizer a annoncé des résultats prometteurs : une réduction de 89 % des hospitalisations et des décès, à condition de prendre le traitement trois jours après les premiers symptômes.

Surtout, le Paxlovid et le Lagevrio, cité plus haut, ne ciblent pas la protéine Spike – là où se concentrent les mutations des variants -. Ces deux traitements devraient donc garder leur efficacité face à Omicron. Et face aux prochains variants.

Est-il disponible ?

« Pour le Paxlovid, on attend l’avis de l’EMA la semaine prochaine pour l’utiliser en traitement précoce, reprend Alban Dhanani de l’ANSM. La demande d’accès précoce en France a été annoncée. »

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