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Palmarès 2021: 2021 en 15 films remarquables

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Déc 10, 2021

West Side Story

Après avoir boudé ce vénérable genre ces dernières décennies, à quelques exceptions près, Hollywood a vu, en 2021, un notable regain d’affection pour le film musical. Durant l’année écoulée, on a ainsi eu droit au pire, tel Dear Evan Hansen (Cher Evan Hansen), comme au meilleur, tel Tick, Tick… Boom ! La palme revient toutefois à Steven Spielberg et à sa reprise du classique de Broadway West Side Story, déjà adapté il y a soixante ans et librement inspiré de Roméo et Juliette. Du grand cinéma, du grand Spielberg.


The Power of the Dog

Tiré du roman de Thomas Savage, ce film plein de sueur, de splendeur et de fureur gothique marque le retour triomphant de Jane Campion au grand écran après douze ans. Dans Le pouvoir du chien (V.F. de The Power of the Dog), la cinéaste néo-zélandaise, qui a multiplié les formidables portraits de femmes qui s’émancipent, s’intéresse à la psyché masculine. À partir de ce récit bâti autour d’un propriétaire de ranch cruel, elle déconstruit le mythe du cowboy et subvertit le western, genre macho par excellence.


Titane

Lauréate de la Palme d’or à Cannes, la deuxième réalisatrice seulement après Jane Campion, Julia Ducournau a sans conteste livré le plus grand choc cinématographique de l’année. Avec sa protagoniste meurtrière impénitente doublée d’une amoureuse — littéralement — des voitures, Titanedéstabilise et fascine. Allégorie de la fluidité de genre, l’héroïne devenant héros en cours de récit, le film effectue toutes sortes de virages inatten-dus en plus de contrôler chacun de ses saisissants dérapages.


Josep

Remarquable long métrage d’animation, Josep, du Français Aurel, par sa charge historique et artistique, fait plus que remonter le cours de la vie du dessinateur militant Josep Bartoli. Avec des techniques diverses épou-sant l’atmosphère des dessins du héros au fil des ans, il nous plonge avec style dans la guerre civile espagnole, les camps de réfugiés anti-franquistes en France, la Seconde Guerre mondiale et le Mexique de l’artiste peintre Frida Kahlo, avec qui Josep eut une liaison.


Les oiseaux ivres

Le réalisateur québécois Ivan Grbovic et la directrice photo Sara Mishara ont coécrit ce film singulier où un travailleur saisonnier mexicain bouleverse sans le vouloir l’existence de ses patrons tombés en désamour, alors même qu’il essaie de retrouver celle qu’il aime. D’un lyrisme discret la plupart du temps, Les oiseaux ivres comporte maints passages — retours en arrière, songes, visions — qui font en sorte que le film atteint une dimension baroque rarement, voire jamais vue dans notre cinéma.


Don’t Look Up

Dans The Big Short, Adam McKay tirait en direction de la crise économique des années 2000. Cette fois, il vise ceux qui décident, écrivent et (re)cherchent dans Déni cosmique (V.F. de Don’t Look Up), un film grinçant dont la science-fiction est un miroir tendu vers les médias, les politiques, les scientifiques, les influenceurs… Cela véhiculé par une fin du monde prochaine et par une distribution d’exception — Jennifer Lawrence, Leonardo DiCaprio, Meryl Streep et un « etc. » en capitales.


Nightmare Alley

Dans la grande tradition du film noir, ce thriller psychologique est une splendeur. Guillermo del Toro y déploie son talent avec lenteur et sensualité. Bienvenue dans les coulisses d’un cirque médiocre des années 1940 où on exploite la crédulité des spectateurs. Au centre de Ruelle de cauchemar (V.F. de Nightmare Alley), un nouveau venu (Bradley Cooper) bientôt entouré de femmes fatales (Toni Collette, Rooney Mara, Cate Blanchett). L’horreur est rarement aussi belle…


Dune

Telle que mise en scène par Denis Villeneuve, la saga de science-fiction de Frank Herbert — jugée inadaptable — n’a rien perdu de sa densité narrative ou de sa richesse de sous-texte. Cela étant, c’est la magnificence visuelle qui happe d’emblée, puis captive tout du long. Or, nombre de ces images indélébiles, Villeneuve les porte en lui depuis sa première lecture. Avec cette adaptation visionnaire, le cinéaste québécois a réalisé non seulement son rêve, mais aussi celui de millions de lecteurs.


The Green Knight

David Lowery applique à la légende arthurienne le traitement qu’il avait « administré » à l’histoire de fantôme dans A Ghost Story : la poésie est de toutes les scènes ; la lenteur, assu-mée ; et le propos, servi dans un écrin d’une beauté absolue. Ainsi, Gawain (Dev Patel, fascinant) a beau être un chevalier de la Table ronde, il ne cherche ici ni Excalibur ni Graal, mais, plutôt, des réponses à des questions existentielles. Avec Le chevalier vert (V.F. de The Green Knight), on est loin de Kaamelott.


Spencer

On lève notre chapeau à Kristen Stewart (très oscarisable) pour avoir joué le mal-être avec une flamme aussi brûlante dans Spencer, de Pablo Larraín. Ce film, librement inspiré du dernier Noël de la princesse Diana au sein de la famille royale britannique (qui en prend pour son rhume), est une puissante fable jonglant avec le fantastique. Sur sons troublants et caméra de brume, l’immersion ima-ginaire dans la psyché de cette femme au bord du gouffre est un voyage cinématographique saisissant.


The Father

Cette plongée étourdissante, à Londres, dans le quotidien d’un vieil homme acariâtre atteint de la maladie d’Alzheimer (Anthony Hopkins au sommet de son art, oscarisé pour le rôle) est un coup de force. Le film britannique Le père (V.F. de The Father), adapté par le Français Florian Zeller de sa propre pièce, s’offre une réalisation épousant jusqu’au vertige le labyrinthe du héros en perte de repères. Quant au brillant scénario signé Christopher Hampton, il fut oscarisé également et à juste titre.


Nomadland

Criant de justesse et de pertinence, Nomadland a accumulé les récompenses — dont trois Oscar (Meilleur film ; Meilleure réalisation, à Chloé Zhao, qui signe aussi le scénario ; et Meilleure actrice, à Frances McDormand). Tout cela est mérité. Avec sa distribution en partie composée de non-professionnels et son style quasi documentaire, ce film faussement simple entraîne le spectateur dans le sillage de gens qui ont décidé, parce que la vie leur a claqué la porte, de la vivre, pleinement, sur la route.


Souterrain

Sophie Dupuis se penche, avec Souterrain, sur l’univers des mineurs. Un monde masculin qu’elle creuse avec justesse à travers cette histoire qui démarre par une explosion, quelques mètres sous terre. Retour en arrière afin de comprendre. Les personnages se dévoilent, les intentions apparaissent. C’est tendu, étouffant, brillant de noirceur. Très humain. Et, de Joakim Robillard à Théodore Pelle-rin, de James Hyndman à Guillaume Cyr, cet excellent film est défendu par une distribution de haut calibre.


Le bal des folles

Œuvre de maturité de la Française Mélanie Laurent tirée du livre de Victoria Mas, sur images somptueuses, Le bal des folles est un manifeste féministe de grande portée. À la fin du XIXe siècle, dans la clinique des femmes jugées psychotiques ou hystériques de la Salpêtrière à Paris, la terrible misogynie de l’époque glace les sangs sans les poncifs du film d’époque. Mélanie Laurent et Lou de Laâge dominent la solide distribution de cette première production française d’Amazon.


Maria Chapdelaine

Quatrième adaptation du roman de Louis Hémon, le Maria Chapdelaine de Sébastien Pilote n’est pas le plus romantique du lot. Il est toutefois le mieux collé au quotidien difficile des défricheurs du Lac-Saint-Jean et le seul où l’héroïne se voit incarnée par une actrice de son âge (Sara Montpetit). Par-delà des longueurs, on salue la force du film, plusieurs scènes magistrales et le naturel de grands acteurs, dont Sébastien Ricard, en père obstiné de l’adolescente entre trois sentiers.

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