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Le niveau du championnat de France est-il révélateur de la puissance de feu des Bleues ?

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Déc 9, 2021

Deux heures de bus pour rejoindre Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) et disputer un match amical, ce mercredi soir face au Havre, dans l’anonymat le plus complet en plein pendant les Mondiaux de handball. Les Brestoises ont connu des soirées plus excitantes. Notamment en mai dernier, quand le BBH a réalisé l’exploit monumental de sortir les toutes
puissantes Roumaines de Gyor, avant d’échouer en finale de la Ligue des champions contre les Norvégiennes de Kristiansand. Typiquement français, direz-vous. Certes. Mais, pour la première fois, un club de l’Hexagone atteignait ce stade de la compétition.

Ajoutez à ça la victoire de Nantes en Coupe EHF, la petite coupe d’Europe, et vous avez une saison historique pour les clubs tricolores sur le Vieux Continent. Ne manquerait plus qu’un titre des Bleues aux Championnats du monde, quatre mois après le sacre olympique, pour finir 2021 en beauté. Rangez les ballons, lavez les chasubles, on ne pourra pas faire mieux. « Il y a de telles fondations dans le
hand français, que c’est un épiphénomène d’échouer, salue Thierry Vincent, entraîneur de Celles-sur-Belle, 12e de première division. A chaque compétition, on sort 3-4 nouvelles joueuses de niveau international. La sélection profite du beau travail réalisé dans les clubs du championnat. »

Les moyens mis dans la formation

Sur les 18 joueuses présentes au Mondial, 12 évoluent en Ligue Butagaz Energie, c’est son nom, dont 5 à Brest. « On récolte les fruits aujourd’hui, mais c’est un travail qui a été lancé depuis plusieurs années », lance Nina Kanto, l’ancienne pivot aux 214 sélections. En premier lieu, la formation : « On a un modèle unique en France, avec les pôles espoirs, qui font un gros travail, indique Vincent. On a mis beaucoup de moyens. » Dans les clubs, cela se traduit par des joueuses qui arrivent avec « un meilleur bagage technique, une vraie culture hand, acquise grâce à la médiatisation, ajoute Kanto. Une joueuse comme
Pauleta Foppa (20 ans), titulaire en sélection, est révélatrice de tout ça. »

On peut aussi parler de Lucie Granier (22 ans), Méline Nocandy (23 ans) ou la toute dernière appelée, Orlane Ahanda (23 ans). « On a un tel potentiel qu’on pourrait faire deux équipes de France qui atteignent chacune au moins les quarts de finale d’un Mondial, imagine Thierry Vincent. Aujourd’hui, le championnat de France n’a rien à envier au championnat hongrois ou roumain. » Si Brest et Metz restent les clubs phares, des petits nouveaux veulent aussi manger Gucci, comme Bourg-de-Péage ou Paris 92. Ces derniers ont d’ailleurs réussi à exfiltrer Nocandy de Moselle.

Un championnat attractif

« Depuis quelques années, le niveau s’est relevé, les clubs se sont structurés, se sont professionnalisés, indique l’ancienne internationale Isabelle Wendling. Les confrontations sont de qualité, les joueuses sont dans de meilleures conditions, elles n’ont plus la même pratique qu’il y a cinq, six ans. Le championnat est vraiment attractif. » Et tout a suivi au niveau économique. Un club comme Celles-sur-Belle a le même budget aujourd’hui (le dernier du championnat) que celui de Toulon, champion de France il y a onze ans : 950.000 euros.

Et, si un jour vous avez besoin de quelqu’un pour vendre un produit, n’hésitez pas à appeler Thierry Vincent, meilleur ambassadeur possible du championnat, qui dresse les raisons pour lesquelles la France est devenue the place to be :

  • Une stabilité économique : « Si vous êtes blessée ou enceinte, vous continuez d’être payées avec la Sécurité sociale. Si vous vous blessez en Roumanie, merci et au revoir. »
  • Exister en Europe : « Les joueuses françaises et étrangères se sont aperçues qu’on peut gagner en Europe avec une équipe française, c’est attrayant. »
  • Le pouvoir des JO de Paris : « Jouer dans le pays et même la ville qui accueille les Jeux olympiques, ça fait réfléchir. »
  • L’image des Bleues : « Les résultats de l’équipe de France poussent les gens à investir. »

Une « génération en or »

Alors, pourquoi, encore, certaines joueuses françaises évoluent à l’étranger, alors qu’on a le meilleur championnat du monde ? « Avant, on pouvait parler de l’argent, mais ce n’est même plus le cas, car des clubs comme Brest égalent les propositions salariales », pense savoir le coach de Celles-sur-Belle. « Un club comme Gyor [où évoluent Glauser et Nze Minko] est toujours très attractif, ils ont gagné trois fois la Ligue des champions, ils sont au-dessus », avoue Wendling.

« Les joueuses clés de l’équipe de France jouent à l’étranger [Zaadi et Edwige à Rostov, Pineau à Ljubjana], ce qui leur permet de gagner en maturité, de bénéficier d’une autre culture hand, d’autres savoirs faire, conclut Nina Kanto. Quand on empile tout ça, avec les joueuses de notre championnat, ça fait une équipe très forte, avec tous les postes doublés, alors qu’à mon époque, il y avait un ou deux postes faibles. On a une génération en or. » Comme la couleur du métal qu’on ira chercher le 19 décembre, évidemment.

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